Lundi 6 mai 2024 Un conte mythologique imparfait mais à la direction artistique sans faille (Les 4 âmes du coyote), un coup d'essai étonnant à la fois solaire et orageux (Les trois fantastiques), et un film pas toujours évident à appréhender, mais souvent fascinant...
Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence
Par Christophe Chabert
Publié Mardi 28 avril 2015 - 3786 lectures
Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence
De Roy Andersson (Suè-Nor-Fr-All, 1h40) avec Holger Andersson, Nils Westblom...
Dernier volet de la trilogie de Roy Andersson après "Chansons du deuxième étage" et "Nous les vivants", où ce disciple suédois de Jacques Tati pousse à l’extrême son cinéma en apnée, suite de plans tableaux aussi répétitifs qu’hermétiques, parsemés de quelques fulgurances. Christophe Chabert
Le dernier film de Roy Andersson dont le titre entier, Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence, contient presque plus de mots que l’ensemble de ses dialogues, s’est fait bouler à l’unanimité par le comité de sélection cannois en 2014. Un mal pour un bien : présenté à Venise, il en est reparti avec le Lion d’or.
Andersson est le genre de cinéaste à se faire rare sur les écrans — sept films en quarante-cinq ans — tout en ayant réussi à se créer une signature admirée par quelques inconditionnels à travers le monde. Or, depuis son "retour" avec Chansons du deuxième étage en 2000, ladite signature s’est muée en tic de mise en scène : plans fixes composés comme des tableaux dans lesquels les acteurs, affublés de maquillage blafard, sont comme des zombies errant dans un monde triste, gris et dévasté. Le tout saupoudré d’un humour pince-sans-rire et d’un goût de la répétition qui évoque, si l’on est paresseux, Jacques Tati.
Mais dans ce nouveau film, le cinéma d’Andersson ressemble plutôt aux mises en scène théâtrales de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff période pré-Deschiens, où il s’agit surtout de décliner jusqu’à l’essoufflement une poignée d’idées dans des scénographies gigantesques. À ceci près que le cinéaste suédois possède un solide ego auteurisant et un dogmatisme formel qui fait de chaque plan-saynète une forme d’apnée crispante, un défi lancé à lui-même et au spectateur — à celui qui craquera le premier.
Mourir dans l’indignité
Ce "je te tiens, tu me tiens par la barbichette" est quasiment le leitmotiv du film, où deux représentants en farces et attrapes aussi sinistres l’un que l’autre écument les bars et les bureaux en essayant de placer leurs produits phares avec toujours le même argumentaire. Personne ne rie évidemment, et tout au plus sourit-on dans son fauteuil — enfin, plus trop à la dixième occurrence de la situation.
Ce fil rouge est entrecoupé de digressions tragi-comiques très noires qui sont aussi parfois des sauts dans le temps, évoquant un passé qui vient se mêler au présent, avec en ligne de mire l’absurdité de l’existence et la mauvaise conscience des crimes commis par la nation.
Même si tout cela reste hermétique, on peut goûter par moments d’authentiques fulgurances qui, si elles ne sauvent pas le film de l’ennui et de la vacuité, impressionnent durablement la rétine. La plus puissante est à la fin — on ne la racontera donc pas — et elle est à la fois horrible et magnifique, exprimant avec une cruauté terrible toute la misanthropie d’Andersson, sa vision d’un monde en putréfaction morale.
Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence
De Roy Andersson (Suède, 1h40) avec Holger Andersson, Nils Westblom…
à lire aussi
vous serez sans doute intéressé par...
Mardi 23 janvier 2024 De tous les festivals de courts ayant lieu dans la métropole, Un poing c’est court à Vaulx-en-Velin a toujours eu un statut à part : c’est un festival engagé, (...)
Mardi 31 octobre 2023 Le festival Lumière vient de refermer ses lourds rideaux, les vacances de la Toussaint lui ont succédé… Mais ce n’est pas pour autant que les équipes de (...)
Mardi 31 octobre 2023 Si le tourisme en pays caladois tend à augmenter à l’approche du troisième jeudi de novembre, il ne faudrait pas réduire le secteur à sa culture du pampre : depuis bientôt trois décennies, Villefranche célèbre aussi en beauté le cinéma francophone....
Mardi 5 septembre 2023 C’est littéralement un boulevard qui s’offre au cinéma hexagonal en cette rentrée. Stimulé par un été idyllique dans les salles, renforcé par les très bons débuts de la Palme d’Or Anatomie d’une chute et sans doute favorisé par la grève affectant...
Mardi 29 août 2023 Et voilà quatre films qui sortent cette semaine parmi une quinzaine : N° 10, La Beauté du geste, Alam puis Banel & Adama.
Suivez le guide !
Lundi 12 juin 2023 Parmi les jeunes maîtres du cinéma nippon, Kôji Fukada est en train de se tailler une place de plus en plus importante. Présenté à la dernière Mostra, Love Life est un film sur les liens invisible, l’incommunicabilité, la famille et la résilience....
Mercredi 19 avril 2023 Invité aux Rencontres du Sud pour présenter sa nouvelle comédie avec Charlotte Gainsbourg, "La Vie pour de vrai", Dany Boon évoque les lointaines inspirations qui l’ont aidé à modeler son personnage de candide. Comme son rapport inattendu à Agnès...
Mercredi 30 novembre 2022 Deux lieux atypiques accueillent des projections en ce début décembre. D’abord, la Maison de l’Écologie dans le 7e arrondissement ce jeudi 1er à 20h à (...)
Mercredi 30 novembre 2022 Le Festival du Film Court du Zola ayant servi de warm-up, on ne lâche pas l’affaire et l’on continue avec entrain avec la deuxième édition de Mutoscope, (...)
Jeudi 1 décembre 2022 Le titre un brin lapidaire de la livraison mensuelle du cycle Ciné Collection concocté par les salles du GRAC (“Femmes à la caméra“) ne doit pas susciter (...)
Mercredi 30 novembre 2022 L’un aurait fêté son centenaire, l’autre ses 130 printemps en 2022. Mais tous deux sont d’une étonnante contemporanéité et — curieusement — complémentaires. Ernst Lubitsch et Francesco Rosi finissent l’année à l’Institut Lumière.
Jeudi 6 octobre 2022 Huit ans après "La French", le réalisateur et le comédien se retrouvent pour un film à nouveau tiré d’un fait historique mais beaucoup plus contemporain : les attentats de 2015. Rencontre autour de la conception d’un film sur une tragédie française.
Lundi 5 septembre 2022 Bien qu’il atteigne cette année l’âge de raison avec sa 7e édition, le Festival du film jeune de Lyon demeure fidèle à sa mission en programmant l’émergence des (...)
Lundi 5 septembre 2022 Appelés à retrouver leurs chères études, les écoliers se sentiront-ils moins seuls en sachant que les cinéphiles lyonnais doivent suivre un programme au moins aussi chargé en ce mois de septembre avec moult rencontres et événements dans les salles ?...
Mardi 23 août 2022 Après avoir endossé sur scène le rôle d’Hortense dans La Dégustation d’Ivan Calbérac, Isabelle Carré le reprend avec enthousiasme pour l’adaptation réalisée par l’auteur. L’occasion de converser avec une comédienne toujours impeccable, devenue...
Lundi 5 septembre 2022 Malavida ressort l'un des films phares de la Nouvelle Vague tchèque, dont l'inventivité et la pertinence demeurent totalement d'actualité.
Mercredi 17 août 2022 Et si Forrest Gump portait un turban et dégustait des golgappas plutôt que des chocolats ? L’idée est audacieuse mais aurait mérité que le réalisateur indien de Laal Singh Chaddha se l’approprie davantage. Si l’intrigue réserve forcement peu de...
Mercredi 11 mai 2022 Lauréat début mai du Meilleur premier film de fiction et Meilleur acteur dans un second rôle aux 9e Prix Platino (attribués aux productions du monde ibérique), Karnawal incarne la relève du cinéma latino-américain. Avant de recevoir ses récompenses,...
Mercredi 11 mai 2022 Alors que son film posthume Plus que jamais réalisé par Emily Atef sera présenté dans la section Un certain regard du 75e festival de Cannes, l’Aquarium (...)
Jeudi 12 mai 2022 Tous deux ont porté le Nouvel Hollywood sur les fonts baptismaux, joué (sans avoir de scène en commun) dans le plus célèbre film de mafia/la plus fameuse (...)
Jeudi 12 mai 2022 Et vous, comment vivrez-vous ?, le nouveau long-métrage de Hayao Miyazaki n’étant annoncé que l’année prochaine (une décennie après le dernier), le Pathé Bellecour (...)
Vendredi 13 mai 2022 Mercredi, jour de sorties en salles : voici notre sélection des films à voir à Lyon cette semaine.
Mardi 10 mai 2022 Mercredi, jour de sorties en salles : voici notre sélection des films à voir à Lyon cette semaine.
Mardi 26 avril 2022 Comédienne chez Denys Arcand (L’Âge des ténèbres) et surtout Xavier Dolan (Les Amours imaginaires, Laurence Anyways), la Québécoise Monia Chokri avait réalisé en 2019 un premier long-métrage remarqué, La Femme de mon frère. Elle est de retour...
Mardi 26 avril 2022 Un très joli conte de printemps s’apprête à sortir sur les écrans : le bien nommé C’est magnifique !, troisième long-métrage du comédien et cinéaste Clovis (...)
Mardi 26 avril 2022 Retour à un calendrier habituel pour le festival Cinémas du Sud concocté par la galerie Regard Sud et accueilli par l’Institut Lumière du mercredi 27 au (...)
Mardi 26 avril 2022 Faut-il une raison pour aller au musée contempler les toiles des Impressionnistes ? Évidemment non. Il en va de même pour les chefs-d’œuvre du cinéma (...)
Mardi 26 avril 2022 Les organisateurs d’On vous ment ont de le sens de l’humour (ou de l’à propos) puisqu’ils ont calé la septième édition de leur festival pile entre la présidentielle et les législatives. Une manière de nous rappeler qu’il ne faut pas tout...