Festival / Nuits Sonores, troisième ! Arrivé à maturité, le panorama des musiques électroniques peut aujourd'hui s'enorgueillir d'une formule rodée, et s'offre même une programmation plus ouverte et hétéroclite que jamais...
Christophe Chabert
Amorcée en 2004, la mise sur orbite des Nuits Sonores devrait être définitive en ce début mai. Après une première édition montée dans une certaine précipitation et entourée par quelques polémiques, la manifestation avait prouvé l'an dernier qu'elle en avait derrière la pédale, et surtout que son concept mobilisait le public lyonnais et extra-lyonnais. Bon point : on reprend la formule en 2005, et on peut se concentrer sur la programmation, plus riche et variée que dans les éditions précédentes. Car monter un festival de musique électronique aujourd'hui signifie avoir l'esprit libre et les esgourdes bien ouvertes, tant l'électronique a largement essaimé dans les autres genres musicaux. Alors, en plus des pointures techno-house attendues, le festival va flirter avec le jazz, le hip-hop, le rock...Tableau de chasseNuits Sonores, c'est quatre nuits blanches et une journée de (faux) repos, des lieux d'ordinaire peu fréquentés par les gros événements musicaux (cette année : les Subsistances, les Salins du midi, le Parc de la visitation, la Piscine du Rhône, sans oublier les nombreuses étapes du circuit électronique le jeudi), divisés en deux plateaux plus thématisés que jamais et alternant prestations live et sets Dj. Notable nouveauté : un concert bonus tout ce qu'il y a d'excitant dans la cour carrée des Subsistances le samedi autour du courant No wave avec A certain ratio et James Chance and the contortions. En entrant dans le vif de la programmation, on constatera que les héros mancuniens s'y taillent une place de choix, par-delà la carte blanche qui leur est réservée. On notera aussi que le festival commence à avoir fait le tour des "légendes de l'électro" ; Laurent Garnier, un des derniers grands Dj's héroïques de la mouvance, rejoint cette année au tableau de chasse des Nuits Sonores Derrick May, Carl Cox ou Jeff Mills. Du coup, le festival va recruter des petits nouveaux en pleine explosion : on pense évidemment à Vitalic, qui fédère sur le dancefloor la république électro depuis bientôt un an, mais il faudra garder un œil sur James Holden, d'ores et déjà annoncé comme la grande révélation de cette édition. On retrouve aussi deux noms qu'on rêvait de voir figurer sur les affiches depuis le lancement du festival : (Matthew) Herbert, certes pour un simple Dj set (il paraît que c'est déjà énorme...) et Richie Hawtin, lui aussi avec sa casquette Dj plutôt que sous son pseudo de Plastikman. Enfin, en continuant la promenade, on tombe donc sur ces fameux hybrides électroniques : Bugge Wesseltoft, pianiste norvégien devenu avec son groupe le fer de lance d'un jazz atmosphérique nimbé de samples et de beats discrets. Et surtout TTC, qu'on ne s'attendait pas à retrouver ici, mais on ne risque pas de s'en plaindre. Ces rappeurs qui appellent une chatte une chatte et une femme une pute, risquent de délivrer un show monstrueux si on se réfère à celui, inoubliable de moiteur libidinale, donné au Ninkasi en novembre dernier. Pas de doute, cette année, les Nuits Sonores vont faire mal, très mal...Nuits SonoresDu 4 au 8 maiProgramme sur www.nuits-sonores.com
