The XX

XX (XL Recordings)

Aah, ces grands disques d'hiver qu'on écoute le moral dans les chaussettes et le regard dans le vague, entre deux cocktails magnésium-millepertuis avec, comme ultime perspective de soulagement, l'espoir de choper la grippe A. Ils nous tirent irrémédiablement vers le bas mais nous donnent l'impression de nous élever, expriment à notre place le bonheur de cette mini-déprime annuelle et générale, sans laquelle le retour du printemps passerait totalement inaperçu. XX est de ceux-là, fruit assez peu débonnaire d'un quatuor éponyme qui a érigé la neurasthénie aérienne en idéal musical, se jouant au clavier d'occasion et à coups de guitares agacées. XX, comme une invitation à l'anonymat, à remplir soi-même le vide. Ou, comme matérialisé sur cette pochette frappée d'un X signalétique, une invitation à ne pas entrer. Avertissement bienvenu, car une fois à l'intérieur, le caractère addictif de ces mélodies new-wave minimalistes chantées au masculin-féminin, feront tout pour vous retenir : des titres comme Crystalised ou Heart Skipped a Beat vous collent une boule dans la gorge avant de vous mordre précisément à cet endroit pour ne plus vous lâcher. Mais dans cette étreinte, The XX vous laissera alors entrevoir d'un œil brouillé, à travers la pénombre et la résignation supposée, une inextinguible volonté d'en découdre au ralenti avec une époque trop pressée et trop voyante. Et sans trop savoir pourquoi, vous irez mieux, mais mal.SD