Une brave ménagère anglaise devient madone de glory hole dans un sex shop pour financer l'opération qui sauvera son petit-fils : un drame social cinématographiquement assez timoré, tenu de main ferme par une grande Marianne Faithfull.Christophe Chabert
La métaphore est claire : ce geste transgressif, Sam Garbarski l'utilise pour faire réagir son spectateur, qui n'aurait pas autant cillé si Maggie avait vissé des boulons à la chaîne. C'est pourtant la même forme d'exploitation, le même degré d'application, la même quête effrénée de productivité... Cela étant, au bout d'une demi-heure et une fois l'enjeu posé, le cinéaste se trouve face à une alternative cinématographique : soit s'enfoncer dans un film radical et conceptuel où le défilé ad libitum des clients produirait un discours tranchant et dérangeant sur le monde du travail ; ou alors tenter d'aérer le récit en le dramatisant. Entre pure mise en scène et romanesque scénaristique, Garbarski choisit la deuxième option et se heurte vite aux écueils du genre : insuffler sans arrêt du récit, du rebondissement et des révélations, parfois très artificielles (la tentative de débauche par la concurrence) sinon carrément hypocrites (les mœurs du mari défunt, comme une excuse facile et rassurante pour le spectateur). Si Irina Palm tient tout de même la distance, c'est grâce à son actrice (et aussi à Miki Manojlovic, parfait en mac sensible). Marianne Faithfull, l'ex-égérie du rock 70's transformée en grand-mère courage qui exprime son humanisme à la force du poignet, c'était hautement casse-gueule ; à l'écran, c'est juste formidable, émouvant, terriblement vrai. Une grande actrice pleine de foi envers un personnage assez inoubliable...Irina Palm de Sam Garbarski (Ang-All-Belg-Fr, 1h43) avec Marianne Faithfull, Miki Manojlovic...