FRANKIE

Pour son premier film sur une top model en plein flop qui flippe sur son image, Fabienne Berthaud filme sa copine Diane Kruger en Laetitia Casta internée à l'asile. Rien de moins. Rien de plus. LH

On doit à Diane Kruger une des scènes de comédie involontaire les plus poilantes de l'année dernière : dans Joyeux Noël, son interprétation de l'Ave Maria en manteau de fourrure au cœur des tranchées de la guerre de 14, a capella mais en playback asynchrone, devant une poignée de poilus en pleine nunucherie pacifique, nous avait proprement laissé sans voix. La bonne nouvelle avec ce premier film né de l'amitié entre deux copines de longue date, c'est que Diane Kruger est bien une actrice. Beauté en détresse voyant filer le temps et peser la solitude, elle interprète ce qu'elle a été : un mannequin allemand en mal d'avenir. Sauf qu'ici cette Frankie en manque d'existence va rapidement se retrouver du mauvais côté de la pente, plongée dans une dépression qui l'amènera en clinique psychiatrique, lassée de voir des photographes la prendre sans la voir. Le sujet de la beauté cassée est, c'est le cas de le dire, on ne peut plus casse-gueule, et sans doute en partie du fait des réminiscences autobiographiques, Diane Kruger s'en tire avec grâce, évitant les pièges de l'hystérie pour s'adonner davantage aux nuances de l'introspection. Caméra à l'épaule, Fabienne Berthaud n'en perdra pas un cil. Elle filme par touches impressionnistes, saisit des scènes qui entérinent la chute, traquant cette extinction des feux de la beauté quand elle ne se sent plus traversée par l'amour. Juste assez débraillée, la mise en scène habille son personnage comme on porte une robe échancrée : tout en séduction, à fleur de peau et pourtant trahissant ses failles, capturant ses regards perdus et sa colère rentrée. Frankie revient d'HollywoodL'authenticité du portrait est d'autant plus forte que Fabienne Berthaud a tenu mordicus à la réalité documentaire de son premier film, faisant jouer leurs propres rôles au patron ou à un photographe de l'agence Elite. Les séances photo qui forment le cœur du film constituent le véritable face à face de l'héroïne avec elle-même. Mais à force de coller au visage de son interprète, le film oublie parfois de se construire, abandonnant son interprète au vertige de sa propre histoire. La confrontation n'est pas sans émotion, mais finit assez vite par tourner en rond, malgré les allers-retours temporels venus au secours d'un scénario sans structure. D'autant que la volonté documentaire de Fabienne Berthaud ne débouche jamais sur l'observation d'un milieu, mais se retrouve toujours engoncé dans le mal être de son héroïne. Les véritables patients de la clinique La Chesnaie où ont été tournées les scènes d'internement ne dépassent pas eux non plus le stade du décor, prétextes à un réalisme qui ne deviendra jamais un véritable enjeu. En jouant la carte du docu-fiction, Fabienne Berthaud a pris le risque d'un genre bâtard où son film menace souvent de s'écrouler entre deux chaises. Heureusement, l'electro mélancolique omniprésente du premier album des Coco Rosie donne une petite touche arty façon Virgin Suicides à ce joli portrait de femme-poupée.Frankie de Fabienne Berthaud (Fr, 1h28) avec Diane Kruger, Brigitte Catillon...

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