Une fondation pourquoi ?

Lundi 11 mars 2013

Info / Créée en 2003, la Fondation Alberto et Annette Giacometti doit son existence à la nécessité de gérer la succession de l'œuvre - immense - laissée par Alberto. Institution privée reconnue d'utilité publique, elle assume les mêmes missions que toute autre fondation : conserver l'œuvre de l'artiste disparu et en assurer le rayonnement posthume. Pour cela, elle est la garante d'un savoir scientifique et pointu lui permettant de reconnaître les vrais des contrefaçons (ce qui lui vaut d'être la cible de la colère d'acheteurs malheureux ou de musées un peu trop dupes sur l'authenticité de leurs biens), s'échine à organiser des expositions partout dans le monde (une douzaine depuis sa création), encadre ou engage la restauration de différentes pièces (comme La Cage du Musée de Grenoble), et publie des ouvrages (correspondances ou autres écrits d'Alberto).

D'après Véronique Wiesinger, co-commissaire de l'exposition et directrice de la fondation depuis dix ans, « gérer les droits d'auteur est très lourd ». Dépositaire du legs d'Annette, la fondation possède près de 5000 œuvres (dont 400 sculptures) qu'elle ne peut montrer dans un espace d'exposition à elle, faute de moyens. État de fait que déplore un peu la directrice, cependant satisfaite du partenariat de la fondation avec des artistes contemporains, régulièrement appelés à participer à des expositions autour de Giacometti (comme a pu le faire Bùren par exemple). Des artistes dont la fondation achète certaines créations, constituant progressivement une « petite collection qui grandit ». C'est ce que l'on appelle perpétuer le travail d'un artiste : lui offrir une place dans le présent tout en lui assurant l'éternité.

Laetitia Giry

Alberto Giacometti

Considéré comme l'un des plus grands sculpteurs du 20ème siècle, Alberto Giacometti, dont la recherche obstinée de la représentation de la figure humaine a trouvé dans l'art de ces 30 dernières années un écho tout particulier, demeure un artiste rare dans les collections publiques françaises. De fait, c'est au musée de Grenoble que revient le mérite d'avoir acquis le premier, en 1952, une oeuvre d'après-guerre du sculpteur intitulée La Cage. Œuvre singulière et essentielle qui s'appuie sur la juxtaposition dans un même espace, d'un nu féminin debout et d'un buste masculin, elle synthétise nombre de préoccupations de l'artiste. Elle pose notamment les questions de la représentation de l'espace, du rôle du socle, de la relation de la figure à l'espace ainsi que celle des figures entre elles...