Complète Mandingue
Musique / En France, une dame est autorisée, et c'est heureux, à jouer à en toute liberté de la guitare ou de l'épinette des Vosges. La preuve en est que même Carla, la première d'entre-elles, se détend la plupart du temps en gratouillant langoureusement des boyaux de chats sur des disques résolument somnifères qui épatent jusqu'au Conseil des ministres. Au Mali, contrée lointaine, il n'en est pas de même avec la Kora, harpe-luth mandingue traditionnelle. La pratique en est réservée non seulement aux hommes, mais, qui plus est, aux griots. Ceux-ci n'étant pas une variété mâle de cerises à la liqueur mais les membres d'une caste dépositaire de la tradition orale et porteuse de la parole musicale. Un statut important qui, conformément au principe de la caste, ne se transmet que par le sang (mâle). Il faut comprendre cela pour appréhender l'importance de Madina Ndiaye au sein de la musique malienne et, plus largement, africaine et mondiale. Madina Ndiaye, femme d'origine peule, n'appartient pas à la caste de griots, mais a décidé un jour de vouer sa vie toute entière à la Kora, aidée en cela par le pape de la musique mandingue, Toumani Diabaté, qui lui fournit un instrument et l'initie à sa pratique. Et à force de détermination, et aussi de pas mal de talent (ça peut aider), y a gagné une solide réputation de pilier de la chanson mandingue auprès des maîtres du genre. Ce qui n'est que justice quand on sait qu'au commencement, la Kora était, selon la légende, l'instrument d'une femme-génie nichée au cœur de grottes de Gambie. Un chef de guerre l'en ayant dépossédé pour le confier à un griot. Madina Ndiaye, femme-génie elle aussi, ne fait donc que récupérer un instrument qui lui revenait de droit. Et qu'elle étrennera mieux que personne sur la scène du Kao, à l'occasion des 11 ans du Ninkasi. Stéphane Duchêne
Madina Ndiaye
Au Ninkasi Kao
Samedi 13 septembre